Les recherches sur la ou plutôt les motivations ont souvent été réalisées dans et pour le cadre professionnel. Il est en effet essentiel pour la survie et la réussite d’une entreprise de motiver (et de garder motivés) ses employés. Mais c’est également vital pour le propre bien-être de l’employé.
Mais ces recherches peuvent s’appliquer dans d’autres domaines, et être utilisées dans le cadre de l’apprentissage (et de celui d’une langue en particulier) !
Nous allons voir plus en détail les différents types de motivation qui existent (la motivation intrinsèque, la motivation extrinsèque et l’amotivation) et tu verras qu’elle est la plus puissante pour rester motivé.
La motivation intrinsèque
La motivation intrinsèque est une motivation interne. Elle correspond à une satisfaction personnelle. C’est la recherche de plaisir et d’intérêt. Le fait même d’accomplir cette activité te procure une satisfaction. Cette motivation existe sous trois formes :
- la motivation intrinsèque aux stimulations : ce sont les sensations fortes éprouvées qui te tiennent motivé. C’est, par exemple, le cas pour un cascadeur, qui sera motivé pour son travail tous les matins grâce aux sensations fortes que celui-ci lui procure.
- la motivation intrinsèque à la connaissance : c’est le plaisir d’apprendre qui te motive. C’est le cas du chercheur qui reste motivé par les recherches (et surtout les découvertes) qu’il fait !
- la motivation intrinsèque à l’accomplissement : c’est le sentiment de relever des défis qui te tient motivé. C’est le cas du sportif professionnel, qui reste motivé dans son entrainement car il peut se dépasser et accomplir des défis sportifs.
Dans l’apprentissage des langues, tu peux retrouver ces différentes formes de motivation. Personnellement, les sensations éprouvées lorsque je commence à comprendre des gens quand ils parlent, lire des textes dans une nouvelle langue me donnent encore plus envie de me plonger dans l’apprentissage de cette langue (motivation intrinsèque aux stimulations).
Tu peux également avoir du plaisir à apprendre, à comprendre une langue et les cultures qui sont liées à elle (motivation intrinsèque liée à la connaissance).
La motivation intrinsèque pousse à se surpasser, à faire des efforts, à garder le cap.
La motivation extrinsèque
La motivation extrinsèque est une motivation externe. Elle pourrait se résumer comme la carotte ou le bâton. C’est une récompense ou au contraire une punition qui constitue la motivation. On dit que l’individu réagit plus qu’il n’agit, motivé par une récompense extérieure (punition, récompense, pression sociale, etc.). La motivation extrinsèque te pousse souvent à fournir l’énergie minimum et suffisante pour accomplir une tâche. Tout dépend du type de motivation extrinsèque car quatre formes existent :
- la régulation externe : l’engagement ou l’implication est réalisé par obligation ou dans l’attente d’une récompense. Par exemple, tu apprends l’anglais car on t’a promis une promotion (la carotte = récompense). C’est également le cas des étudiants qui sont obligés de suivre des travaux dirigés car l’appel est fait au début du cours et que les absences non justifiées pourraient se solder par un renvoi (le bâton = punition).
- la régulation introjectée : c’est les sentiments (désagréables) qui pourraient potentiellement être ressentis qui sont la source de motivation. C’est une stratégie d’évitement des sensations de culpabilité ou de honte qui pourraient se manifester si tu ne fais pas telle ou telle chose. Par exemple, tu fais tes exercices d’anglais car tu ne veux pas te sentir coupable de ne pas les faire avant ton prochain cours et tu ne veux pas décevoir ta prof.
- la régulation identifiée : l’engagement est là car il peut te mener là où tu veux aller. Tu intériorises des comportements car ils te permettent d’atteindre des objectifs valorisés. Par exemple, tu rêves d’aller habiter et travailler en Espagne mais tu sais que dans ton domaine d’activité, cela ne pourra se faire que si tu as un niveau B2 en espagnol, ce qui te motive à apprendre cette langue.
- la régulation intégrée : l’implication est présente car les objectifs et les activités sont en cohérence avec tes valeurs, et ta personne entière. Tu peux, par exemple, apprendre l’allemand car tu donnes des formations et la maîtrise de cette langue te permettra de changer et d’adapter tes formations à tes interlocuteurs allemands.
L’amotivation
L’amotivation n’est pas en soi une forme de motivation car elle correspond à l’absence de motivation. Ne pas savoir pourquoi tu fais les choses ou t’engager sans trop connaitre la raison et ce que cela va t’apporter en retour rentrent dans le cadre de l’amotivation. Elle peut être externe (c’est-à-dire extérieur à l’individu). Par exemple, l’attitude de ta hiérarchie, au travail, peut être une source d’amotivation. Elle peut également être interne. La source de résignation est interne (=soi). Par exemple, je suis trop nul(le) pour arriver à faire ça.
Comment rester motivé ?
La théorie de l’autodétermination
En fait, les différents types de motivation ci-dessus s’inscrivent dans le continuum de l’autodétermination. Cette théorie a été développée par les travaux de Deci et Ryan dans les années 1980. Ces différentes motivations sont reparties selon un continuum :
La théorie de l’autodétermination est la théorie de la motivation humaine, c’est-à-dire la motivation derrière les choix des êtres humains. Plus l’autodétermination est forte et plus ces choix se font indépendamment d’une influence extérieure.
Les différentes recherches sur le sujet montrent que la motivation interne apporte plus de valeurs ajoutées, plus de créativité et de réussite dans la réalisation des tâches. Avec une forte motivation intrinsèque, les performances sont meilleures (Ryan, Kuhl, Deci, 1997), la satisfaction au travail est élevée et l’engagement est plus fort (Blais et al., 1993).
Par contre, les études ont montré que plus la motivation extrinsèque augmente et plus la motivation intrinsèque diminue.
Tu l’auras compris, dans ton apprentissage, c’est la motivation intrinsèque qu’il faudra rechercher et développer (et d’ailleurs dans toutes tes activités, que ce soit l’apprentissage d’un instrument de musique, ta pratique d’un sport ou ta motivation à te lever le matin pour aller travailler ;-)).
Les clés pour développer ta motivation intrinsèque
Prends le temps de comprendre ce qui te motive à apprendre une langue. Si tu te rends compte que rien ne vient spontanément, demande-toi si tu as vraiment envie d’apprendre cette langue. Si ce n’est pas le cas, arrête. Te forcer ne sert à rien sinon à te dégoûter de la langue que tu veux apprendre. Développe tes mécanismes d’apprentissage avec une langue qui te motive vraiment. Tu pourras ensuite peut-être revenir sur cette autre langue avec un autre regard et d’autres motivations.
Ensuite, si tu te rends compte que tes motivations sont principalement externes, essaie de développer plus ta motivation interne.
Tu peux par exemple noter les sensations (positives) que tu ressens pendant ton apprentissage ou l’utilisation de cette langue. Tu peux aussi projeter ces sensations quand tu auras une certaine maitrise de la langue.
Tu peux également te fixer des défis, des objectifs et te pousser à une sorte de compétition avec toi-même. Valorise aussi tes progrès, tout ce que tu as accompli et réalisé, chaque étape, chaque pas quelle que soit sa taille. Établis des objectifs précis, mesurables et atteignables.
Et surtout, n’oublie pas de prendre du plaisir ! Si tu n’en prends plus alors change ton apprentissage, varie tes outils, essaie de toujours t’amuser. Le cerveau apprend en s’amusant. C’est comme ça qu’il fonctionne et qu’il est performant. Apprendre une langue doit toujours rester un plaisir !