Tu les as sûrement déjà entendues à la radio ou sur internet, peut-être même chantées ? Mais connais-tu le sens de ces chansons ? Pour les artistes qui les ont composées ou interprétées, elles ont parfois un double sens ou sont les représentantes d’une revendication majeure d’une époque ou d’une cause. Ou comment faire passer un message fort en musique…
« Zombie » de Cranberries
The Cranberries est un groupe originaire d’Irlande. Apparue sur l’album « No Need to Argue » en 1994, cette chanson, sûrement une des plus connues du groupe, évoque le conflit nord-irlandais. Pendant près de 30 ans, un conflit a opposé les républicains et nationalistes d’une part et les loyalistes et unionistes d’autre part sur l’avenir de l’Irlande du Nord (que certains voulaient rattacher à la République Irlandaise et que d’autres voulaient garder rattachée au Royaume Uni). La chanson est créée après un attentat de l’IRA (organisation paramilitaire républicaine irlandaise considérée comme terroriste par l’Irlande et qui milite pour l’indépendance complète de l’Irlande du Nord), le 20 mars 1993. L’IRA avait placé deux bombes dans le centre-ville de Warrington, en Angleterre, tuant deux enfants de 3 et 12 ans. La chanteuse, Dolores O’Riordan, choquée par cet attentat, demande par cette chanson, un cessez-le-feu entre l’armée britannique et l’IRA.
Extrait : « But you see it’s not me, Mais tu vois que ce n’est pas moi,
It’s not my family
In your head, in your head
They are fighting
With their tanks, and their bombs
And their bombs, and their guns
In your head,
In your head they are cryin’
In your head, in your head
Zombie (3x)
What’s in your head, in your head
Zombie (3x) »
« Mais tu vois que ce n’est pas moi,
Que ce n’est pas ma famille
Dans ta tête, dans ta tête
Ils se battent
Avec leurs tanks, et leurs bombes
Et leurs bombes, et leurs fusils
Dans ta tête,
Dans ta tête ils pleurent
Dans ta tête, dans ta tête
Mort-vivant (3x)
Qu’y a-t-il dans ta tête, dans ta tête ?
Mort-vivant (3x) »
« Sunday Bloody Sunday » de U2
U2 est un groupe irlandais. Sortie en 1983, cette chanson est aussi une référence au conflit nord-irlandais. Elle est créée en hommage au Bloody Sunday survenu à Derry en Irlande du Nord en 1972. Le 30 janvier se déroule une marche pacifiste d’habitants catholiques voulant indiquer leur refus des armes et de la violence. Ces personnes désarmées essuient les tirs de l’armée britannique, en plein jour, en pleine rue. Le guitariste de U2, The Edge, lassé par ce conflit sans fin écrit cette chanson retravaillée par Bono, le chanteur du groupe par la suite.
Extrait : « I can’t believe the news today
Oh, I can’t close my eyes
And make it go away
How long?
How long must we sing this song?
How long? How long?
Cause tonight, we can be as one
Tonight
Broken bottles under children’s feet
Bodies strewn across the dead end street
But I won’t heed the battle call
It puts my back up
Puts my back up against the wall
Sunday, Bloody Sunday »
« Je ne peux pas croire les informations aujourd’hui
Je ne peux même pas fermer les yeux et faire disparaître tout ça
Combien de temps, combien de temps devons-nous chanter cette chanson ?
Combien de temps ? Ce soir, nous pouvons être unis
Des bouteilles brisées sous des pieds d’enfants
Des corps qui jonchent une rue sans issue
Mais je n’écouterais pas le cri de guerre
Il me met dos au mur, dos au mur
Dimanche, sanglant dimanche »
« Mujer contra mujer » de Mecano
Autre pays, autre combat. Chanson du groupe espagnol Mecano, parue en 1990, elle a aussi été adaptée en version française sous le titre « Une femme avec une femme » et en italien « Per lei contro di Lei ». Cette chanson traite du lesbianisme, vu à travers les yeux d’une amie, qui ne veut pas porter de jugement sur cette relation et préfère rester tolérante. Le sujet était alors plutôt tabou et peu évoqué avant notamment en France.
Extrait : « Una opina que aquello no està bien
La otra opina que qué se le va a hacer
Y lo que opinen los demàs està demàs
Quien detiene palomas al vuelo
Volando a ras del suelo
Mujer contra mujer
No estoy yo por la labor
De tirarles la primera piedra
Si equivoco la ocasion
Y las hallo labio a labio en el salon
Ni siquiera me atreveria a toser
Si no gusto ya sé lo que hay que hacer
Que con mis piedras hacen ellas su pared »
« L’une pense que cela n’est pas bien
L’autre est partante
Et tant pis pour ce qu’en pense le monde
Qui arrête les colombes au vol
Volant au ras du sol
Femme contre femme
Je ne suis pas pour le fait
De leur jeter la première pierre
Et si par hasard
Je les trouve lèvres contre lèvres dans le salon
Je n’oserais même pas tousser
Si ça ne me plait pas je sais déjà ce qu’il y a à faire
Qu’avec mes pierres elles construiront leur mur »
« Malo » de Bébé
On reste en Espagne, avec la chanteuse Bébé et sa chanson engagée contre les violences faites aux femmes et les comportements machistes. A travers cette chanson, elle revendique les droits des femmes. Cette chanson est présente sur le premier album de la chanteuse intitulé « Pafuera Telarañas ».
Extrait : « Una vez más, no por favor, que estoy cansada
Y no puedo con el corazón,
Una vez más, no mi amor, por favor, no grites,
Que los niños duermen. (x2)
Voy a volverme como el fuego,
Voy a quemar tu puño de acero
Y del morado de mis mejillas saldrá el valor
Pa’ cobrarme las heridas.
Malo, malo, malo eres.
No se daña a quien se quiere, no.
Tonto, tonto, tonto eres,
No te pienses mejor que las mujeres. (x2)
« Et mon cœur ne le supporte plus,
Une fois de plus, non mon amour, s’il te plait, ne crie pas,
Les enfants dorment. (x2)
Je vais revenir comme le feu,
Je vais brûler ton poing d’acier
Et le courage sortira des bleus de mes joues
Pour emporter les blessures.
Mauvais, mauvais, mauvais que tu es.
On ne fait pas de mal à ceux qu’on aime, non.
Idiot, idiot, idiot que tu es,
Ne te crois pas meilleur que les femmes. (x2)
Une fois de plus, non s’il te plait, je suis fatiguée »
« Luka » de Suzanne Vega
On part aux Etats-Unis avec la chanson « Luka » de Suzanne Vega qui traite du sujet de la maltraitance des enfants et de la violence domestique. Elle parle d’un enfant Luka, maltraité. En observant des enfants jouant devant son immeuble, elle voit un des enfants, Luka, qui semblait un peu différent des autres. La chanteuse ne connaissait pas grand chose de lui mais c’est sur son personnage qu’elle base la chanson (même si elle suppose qu’il n’est pas maltraité dans la vraie vie mais juste différent.
Extrait : « My name is Luka
I live on the second floor
I live upstairs from you
Yes i think you´ve seen me before
If you hear something late at night
Some kind of trouble. some kind of fight
Just don’t ask me what it was
Just don’t ask me what it was
Just don’t ask me what it was »
« Je m’appelle Luka
Je vis au second étage
Je vis au-dessus de toi
Oui je pense que tu m’as déjà vu auparavant
Si tu entends quelque chose tard dans la nuit
Un certain désordre un certain combat
Surtout ne me demande pas ce que c’était
Surtout ne me demande pas ce que c’était
Surtout ne me demande pas ce que c’était »
« Bella ciao »
« Bella ciao » est un chant de révolte italien révolutionnaire qui célèbre l’engagement dans le combat mené par les partisans, résistants pendant la Seconde Guerre mondiale. Les paroles datent de 1944. Ce chant est devenu un hymne à la résistance et à l’antifascisme dans le monde entier.
Extrait : « Una matina, mi sono alzato
O bella ciao (x3)
Ciao, ciao
Una matina, mi sono alzato
E ho trovato l’invasore.
O ! Partigiano portami via
O bella ciao (x3)
Ciao, ciao »
« Un matin, je me suis reveillé
Ô ma belle au revoir (x3)
Au revoir, au revoir
Un matin, je me suis réveillé
Et l’envahisseur était là.
Ô ! partisan emporte-moi
Ô ma belle au revoir (x3)
Au revoir, au revoir »
« 99 Luftaballons » de Nena
Le groupe allemand Nena a interprété la chanson « 99 Luftballons » en 1983. C’est une chanson engagée contre la guerre froide. Les Etats-Unis et la Russie essaient, en pleine période d’intensification de la course aux armements, de montrer leur supériorité. Lors d’un concert des Rolling Stones à Berlin en 1982, auquel assiste le guitariste du groupe, Carlo Karges, des ballons de baudruche sont lâchés dans le ciel. Il imagine ces ballons franchir le Mur et être pris pour des ovnis par les gardes est-allemands. D’où l’idée dans la chanson de 99 ballons qui flottent dans le ciel et sont identifiés comme une attaque alors que ce ne sont que des ballons…
Extrait : « Neun und neunzig Luftballons
Auf ihrem Weg zum horizont
Hielt man für UFOs aus dem All
Darum schickte ein General
Eine Fliegerstaffel hinterher
Alarm zu geben, wenn’s so war
Dabei war’n da am Horizont
Nur neun und neunzig Luftballons
Neun und neunzig Düsenflieger
Jeder war ein grosser Krieger
Hielten sich für Captain Kirk
Das gab ein grosses Feuerwerk
Die Nachbarn haben nichts gerafft
Und fühlten sich gleich angemacht
Dabei schoss man am Horizont
Auf neun und neunzig Luftballons »
« 99 ballons
En route vers ton horizon
On les prenait pour des ovnis venant de l’espace
C’est pour cela qu’un général a envoyé
Une escadrille d’avions à leur trousse
C’était pour donner l’alerte qu’il a fait ça
Et pourtant, il n’y avait là à l’horizon
Que 99 ballons
99 pilotes d’avions à réaction
Chacun d’entre-eux était un grand guerrier
Ils se prenaient pour le capitaine Kirk
Cela a donné un grand feu d’artifice
Les voisins n’ont rien capté
Et se sentaient tout de suite provoqués
Et pourtant on a tiré à l’horizon
Sur 99 ballons »
« Get Up, Stand Up » – Bob Marley and The Wailers
« Get Up, Stand Up » de Bob Marley and the Wailers, sortie en 1973, est une chanson de lutte pour les droits de l’homme et la justice sociale. Elle exhorte les gens à se lever et à se battre contre l’injustice et l’oppression. Bob Marley critique les systèmes oppressifs et les institutions qui exploitent les individus, y compris certaines doctrines religieuses qui prêchent la patience en attendant une récompense dans l’au-delà. Il encourage à prendre conscience de sa situation et à agir pour une vie digne ici-bas. Globalement, la chanson est un appel vibrant à la résistance et à la prise de conscience face à toute forme d’injustice.
Extrait : « Get up, stand up, Stand up for your rights
Get up, stand up, Stand up for your rights
Get up, stand up, Stand up for your rights
Get up, stand up, Don’t give up the fight
Preacher man don’t tell me heaven is under the earth
I know you don’t know what life is really worth
It’s not all that glitters is gold and
Half the story has never been told
So now you see the light
You stand up for your rights »
« Lève-toi, debout
Lève-toi, debout, Lève-toi pour tes droits
Lève-toi, debout, Lève-toi pour tes droits
Lève-toi, debout, Lève-toi pour tes droits
Lève-toi, debout, N’abandonne pas le combat
Prêtre ne me dit pas que le paradis est sous la terre
Je sais que tu ne sais pas ce que vaut réellement la vie
Tout ce qui brille n’est pas d’or et
La moitié de l’histoire n’a jamais été racontée
Donc maintenant que tu vois la lumière
Lève-toi pour tes droits »
« Imagine » – John Lennon
« Imagine » de John Lennon, sortie en 1971, est une chanson de paix et d’unité mondiale. Elle invite à imaginer un monde sans frontières, sans religions divisant les gens, et sans possessions matérielles créant des inégalités. John Lennon propose une vision utopique où l’humanité vit en harmonie, sans guerres ni conflits. Les paroles suggèrent que, sans ces divisions, l’humanité pourrait vivre en paix et partager le monde équitablement. La chanson appelle à la réflexion sur les causes des conflits et encourage une vision plus humaniste et pacifique.
Extrait : « Imagine there’s no heaven,
It’s easy if you try,
No hell below us,
Above us only sky,
Imagine all the people,
Living for today…
Imagine there’s no countries,
It isn’t hard to do,
Nothing to kill or die for,
No religion too,
Imagine all the people,
Living life in peace… »
« Imagine qu’il n’y a aucun paradis,
C’est facile si tu essaies,
Aucun enfer en-dessous de nous,
Au dessus de nous, seulement le ciel,
Imagine tous les gens,
Vivant dans le présent…
Imagine qu’il n’y ait pas de pays,
Ce n’est pas dur à faire,
Rien à tuer ou pour lequel mourir,
Pas de religion non plus,
Imagine tous les gens,
Vivant leur vie en paix… »
« Earth » de Lil Dicky
« Earth » de Lil Dicky, sortie en 2019, est une chanson axée sur la sensibilisation aux problèmes environnementaux et à la protection de la planète. La chanson rassemble plusieurs artistes pour transmettre un message sur l’importance de prendre soin de la Terre et de lutter contre le changement climatique. Les paroles soulignent la beauté et la diversité de la vie sur Terre, tout en mettant en garde contre les conséquences destructrices des activités humaines. Lil Dicky utilise l’humour et une approche légère pour attirer l’attention sur des problèmes graves comme la pollution, la déforestation et le réchauffement climatique.
Extrait : « What up, world? It’s your boy, just one of the guys down here. Well, I could be more specific. Uh, I’m a human, and I just wanted to, you know, for the sake of all of us earthlings out there, just wanted to say:
We love the Earth, it is our planet
We love the Earth, it is our home
We love the Earth, it is our planet
We love the Earth, it is our home
- Justin Bieber
Hi, I’m a baboon
I’m like a man, just less advanced and my anus is huge - Ariana Grande
Hey, I’m a zebra
No one knows what I do, but I look pretty cool
Am I white or black?
« Quoi de neuf, monde? C’est ton garçon, juste un des gars ici. Eh bien, je pourrais être plus précis. Euh, je suis un humain, et je voulais juste, tu sais, dans l’intérêt de nous tous terriens ici, je voulais juste dire:
Nous aimons la Terre, c’est notre planète
Nous aimons la Terre, c’est notre maison
Nous aimons la Terre, c’est notre planète
Nous aimons la Terre, c’est notre maison
- Justin Bieber
Salut, je suis un babouin
Je suis comme un homme, juste un peu moins avancé et mon anus est énorme - Ariana Grande
Hé, je suis un zèbre
Personne ne sait ce que je fais, mais j’ai l’air plutôt cool
Suis-je blanc ou noir? »
Et toi, quelle est ta chanson préférée ? Connais-tu d’autres chansons engagées ?
Merci pour ce magnifique article qui nous fait découvrir ou redécouvrir des chansons dont on ne soupçonne pas forcément la profondeur ! Et qui nous fait au passage réécouter de très belles mélodies !
Je connaissais toutes ces chansons, mais pour certaines, je ne connaissais pas leur histoire. Merci d’avoir partagé tes connaissance et ces belles compositions qui ont beaucoup de significations et qui alertent ou dénoncent des « anomalies » dans ce monde si beau.
Merci pour ce decryptage. Il y a en certaines que j’ai étudiées en cours. Mais je ne connaissais pas toutes les histoires associées à ces chansons.
Merci Pauline pour ton article sur les chansons engagées.. Tu m’as fait replonger dans le passé et comme beaucoup de personnes, certaines chanson ont jalonné notre histoire et sont des points d’ancrage de notre parcours.
J’ai particulièrement apprécié de découvrir la diversité des messages véhiculés par ces chansons. Ton analyse approfondie montrent comment la musique peut être un puissant vecteur de changement social et culturel à travers le monde. C’est inspirant de voir comment des artistes utilisent leur art pour aborder des sujets importants et provoquer des réflexions.
A bientôt et au plaisir d’échanger de nouveau ensemble. 🌷