Dans son excellent livre « Fluent in 3 months »1, Benny Lewis décrit les 20 mythes les plus courants sur l’apprentissage des langues. Avant d’apprendre les langues par moi-même, j’avais déjà ancré en moi certaines de ces croyances et pourtant, elles sont toutes fausses ! Tout le monde peut apprendre une seconde langue (ou une troisième ou même plus), quels que soient son âge ou sa situation personnelle. Pour la partie 2 et les 10 derniers mythes sur l’apprentissage des langues, c’est par là.
C’est plus dur d’apprendre une langue quand on est adulte
Une des raisons (#excuses) que les gens donnent pour ne pas apprendre une langue est « Je suis trop vieux pour apprendre ». Aucune étude scientifique n’a mis en évidence le fait que les adultes ou que passer un certain âge, nous ne pouvions plus apprendre une langue. Pour Benny Lewis, la raison qui fait qu’apprendre une langue serait plus difficile chez les adultes que chez les enfants vient d’une mauvaise méthode d’apprentissage, de leur environnement d’apprentissage, et de leur manque d’enthousiasme pour cette tâche. Les adultes qui se jugent trop vieux pour apprendre une langue ne se lancent pas et donc ne sont pas capables de s’exprimer ou de comprendre une nouvelle langue et donc pensent qu’ils sont nuls et donc trop vieux pour apprendre une langue. C’est un cercle vicieux.
Quand un bébé apprend sa langue maternelle, il doit comprendre et retenir des centaines de nouveaux mots, différencier les sons, etc.
Un adulte part déjà avec un avantage en connaissant déjà une langue. Certains mots sont communs d’une langue à une autre. Il connait et sait déjà prononcer une partie des mots.
Apprendre une langue, ce n’est pas seulement apprendre des sons, des mots de vocabulaire ou de la grammaire. Il y a aussi toute la communication non verbale. Et pour cette partie, les adultes ont également une longueur d’avance sur les enfants !
Benny Lewis rajoute même que si l’on pense que les enfants ont un cerveau plus jeune et donc efficace, une étude réalisée sur des groupes d’âge différent
(8 ans, 12 ans et des adultes) a montré que les adultes étaient meilleurs pour comprendre des règles de grammaire inexpliquées.
L’avantage certain des enfants sur les adultes est qu’ils ont moins peur de faire des erreurs.
Les adultes ne sont donc pas de plus mauvais apprenants que les enfants, mais des apprenants différents. L’important n’est donc pas l’âge auquel on apprend une langue, mais tirer partie des avantages à apprendre une langue à l’âge adulte ou pendant l’enfance.
Je n’ai pas le gène du langage
Ou encore un manque de talent ! Comme s’il existait des gens doués pour les langues et d’autres non, à cause de leur ADN. Je suis nul(le) en langues, c’est génétique, je n’y peux rien… Si la capacité à parler une langue est encodée dans nos gènes alors… nous naissons tous avec puisque nous avons tous appris au moins notre langue maternelle. Et la plupart des gens sur terre parlent même plus d’une langue. La capacité à apprendre une langue vient plus de l’environnement culturel dans lequel nous avons grandi que nos gènes. Si tu étais né au Luxembourg, tu parlerais probablement déjà trois langues (français, allemand, et luxembourgeois). Idem si tu étais né en Catalogne (castillan et catalan).
Donc si tu n’arrives pas à apprendre une langue étrangère, ça n’a rien à voir avec tes gènes…
Je n’ai pas le temps
Si ce mythe était vrai, alors les seules personnes qui seraient capables d’apprendre une langue étrangère seraient les gens sans travail à plein temps ou sans responsabilité… Or, la plupart des gens ont besoin de travailler. La majorité des apprenants en langues rencontrés par Benny Lewis avait un travail à plein temps ou faisait des études. Ils avaient une famille ou devaient prendre soin de leur proche ou encore, ils avaient d’autres responsabilités.
La question n’est pas tant d’avoir plus de temps pour apprendre une langue, mais de prendre le temps. Beaucoup de gens perdent du temps à regarder la télé, naviguer sur Facebook ou YouTube, faire du shopping, etc. Tous ces moments pourraient être utilisés pour apprendre une langue.
De même avec tous les moments où l’on attend, comme lorsqu’on attend un ascenseur, lorsqu’on attend à la caisse d’un magasin, ou qu’un ami arrive, lorsqu’on attend le train ou le bus ou n’importe quel autre moyen de transport. Tous ces moments sont idéaux pour réviser tes flashcards, ou sortir de son sac une méthode de langues pour revoir les bases dans une langue .
Les cours de langues sont chers
Un autre mythe serait que les cours de langues sont réservés aux personnes riches. Pour apprendre une langue, il faudrait dépenser son argent dans du matériel d’apprentissage cher, des cours en immersion, des logiciels hors de prix, des voyages autour du monde, des livres et des professeurs privés ou tu échouerais lamentablement dans ton apprentissage. Benny Lewis raconte qu’il a testé un logiciel d’apprentissage relativement cher, mais qu’il n’a pas vu de réelles différences avec les alternatives moins chères du marché ou les ressources gratuites. Dépenser plus n’est pas la garantie du succès.
Je suis d’accord avec cette idée, car tu peux trouver de nombreuses ressources gratuites pour apprendre les langues qui peuvent t’aider aussi bien (voire mieux) qu’un logiciel hors de prix.
J’attends le cours de langue parfait
Et tu peux l’attendre longtemps. Un cours parfait n’existe pas et ne résoudrait de toute façon pas tous tes problèmes. Il vaut mieux commencer à apprendre la langue tout de suite même de manière imparfaite que d’attendre le cours parfait. Pour démarrer, Benny Lewis conseille d’utiliser des guides de conversation du type Assimil, Teach Yourself ou Colloquial qui sont une excellente manière de commencer à apprendre une langue. Il existe également de nombreuses ressources gratuites pour démarrer. Est-ce que ces guides sont la meilleure façon de commencer ? Probablement pas. Mais ils permettent un bon départ en donnant les phrases et le vocabulaire de base dans une langue.
La mauvaise méthode d’apprentissage me conduit à l’échec avant même d’avoir commencé
Beaucoup de personnes pensent que si elles commencent mal, cela va impacter tout le reste de leur projet d’apprentissage. Même si tu as essayé le mauvais cours, même si ça n’a pas fonctionné. Ça ne veut pas dire que tu ne peux pas y arriver et ça ne conditionne pas ta future réussite. Essaie et essaie encore. La persévérance paie. Toute l’énergie que tu mets à rechercher la meilleure façon d’apprendre une langue serait mieux employée à apprendre la langue et l’utiliser.
Je dois étudier avant de pouvoir avoir une conversation
Selon Benny Lewis, tu dois commencer à parler la langue dès le début même si ça peut sembler contre-intuitif. Nous pensons que nous avons besoin d’avoir beaucoup étudié la langue avant de pouvoir parler. Mais on ne sera jamais vraiment prêt à parler et nous n’aurons jamais assez de mots pour avoir une conversation dans la vie réelle. Il faut juste accepter que tu auras des problèmes de communication et tu devras faire avec. Il faut accepter l’imperfection notamment au début de l’apprentissage, même si c’est parfois difficile.
J’ai d’ailleurs moi-même testé la méthode « Speak from Day one » de Benny Lewis lors de mon apprentissage de l’allemand… Et j’ai déjà eu mes premières « conversations » en néerlandais (qui ressemblaient plutôt à des monologues entrecoupés de mes « Ja », « Ja », « Mmmmmh, ja » qui ont beaucoup amusé mon conjoint).
Je ne peux pas me concentrer
Son ami, Scott Young, l’auteur de « Ultralearning » a réussi le challenge d’apprendre 4 ans de cours du MIT en une année. Il a également une formation en business, et a étudié la psychologie, la nutrition, les mathématiques, la physique et l’économie. C’est un entrepreneur à succès et il a appris le français et 4 autres langues en 1 an (1 tous les 3 mois). Quand Benny Lewis lui a demandé comment il avait réussi à se concentrer sur tous ces projets, la réponse de Scott Young était simple. Il faut se concentrer sur un gros projet à la fois. Son projet reste sa priorité quoi qu’il arrive. Il vaut mieux mettre toute son énergie dans un projet que de se disperser. Cette méthode demande de la patience et de la régularité, mais elle permet d’ajouter de nouvelles compétences, une à la fois.
Certaines langues sont difficiles
Peu importe la langue que tu essaies d’apprendre, certaines personnes diront que c’est la langue la plus dure du monde. Benny Lewis a déjà entendu cette phrase pour toutes les langues sauf l’espéranto. Il n’y a pas de langues difficiles. C’est une opinion biaisée. Quand Benny Lewis a annoncé publiquement qu’il allait apprendre le chinois, une langue considérée par beaucoup d’Occidentaux comme la langue la plus dure du monde, on a essayé de le décourager. Certains lui ont même dit que son expérience précédente dans l’apprentissage des langues ne lui servirait à rien pour cette langue-là. Mais Benny Lewis s’est rendu compte que ces détracteurs avaient souvent essayé d’apprendre uniquement le chinois. Ils n’avaient pas d’expérience dans l’apprentissage d’autres langues. Il ne faut pas écouter ceux qui essaient de vous décourager. Si l’espagnol peut paraitre plus facile à un francophone, le mandarin va lui paraitre beaucoup plus facile à quelqu’un qui parle cantonais que l’espagnol… Apprends ce qui te plait, aucune langue n’est vraiment plus facile ou difficile.
Les plateaux lors de l’apprentissage sont inévitables
Les plateaux sont des zones (des moments) au cours desquels tu stagnes dans ton apprentissage. Les plateaux ne sont pas un mythe en eux-mêmes, mais nous ne sommes pas obligés de rester bloqués à un certain niveau. Lorsqu’on est débutant, on n’a pas vraiment ce problème. On peut atteindre un niveau basique en conversation par exemple et ensuite se retrouver ensuite bloqué. Pourquoi ? Car la méthode que nous avons utilisée au début nous a bien permis d’atteindre ce niveau. Elle a donc bien été efficace jusque là… mais ne l’est peut-être plus autant pour te permettre de progresser ! Si la méthode que tu utilises n’est plus assez efficace, change-la.
Un changement dans ton apprentissage peut faire toute la différence et d’amener au niveau suivant.
Et toi, as-tu certaines de ces croyances ? Dis-moi lesquelles dans les commentaires.
1 Attention, si n’importe qui peut effectivement parler couramment une langue en 3 mois (c’est-à-dire atteindre un niveau B1/B2 selon le CECRL), pour y parvenir, Benny Lewis s’impose un rythme qui est difficile à tenir pour la plupart d’entre nous. La grande majorité des polyglottes atteignent ce niveau en 6 mois à un an à rythme « normal » (adapté à un salarié/étudiant ayant une vie de famille et une vie sociale) 🙂
Bonjour, en effet nous avons tous des croyances et ce dans de nombreux domaines et l’apprentissage des langues n’y échappe pas. Il y a quelques années, je pensais que je n’avais pas assez de mémoire, que je ne retenais rien. Hors c’était bien une croyance limitante, cette dernière s’y était ancrer depuis mon enfance quand j’étais à l’école. Depuis que j’ai mis en lumière cette croyance cela va beaucoup mieux.
Intéressant ces mythes sur l apprentissage des langues… Souvent on a des croyances que l on utilise en excuses pour ne pas faire les choses! 😉
Oh comme je suis d’accord avec tout ça!!
Je ne connais pas ce livre mais je vais l’ajouter à ma liste!
Mon discours est commence souvent par: Si vous étiez né dans tel pays, vous sauriez en parler la langue. Donc non, ce n’est pas une histoire d’ADN ????
Et effectivement en tant qu’adulte on peut croire que c’est plus difficile, mais c’est surtout qu’on n’a pas l’habitude d’attendre. On veut des résultats tout de suite et ça peut vite devenir frustrant.
Bref, de manière générale je suis complètement en accord avec tout ce que tu dis.
Et c’est super important de trouver une personne avec qui le courant passe bien pour garder la motivation.
Les langues me passionnent. Il est indéniable qu’apprendre une langue est plus facile pendant l’enfance. Vivre au sein d’une famille où deux langues sont déjà parlées permet à l’oreille de s’habituer à entendre et à comprendre. Lorsque j’étais adulte, j’ai eu l’opportunité de travailler à Madrid sur un projet de 4 mois, et à ma grande surprise, mes collègues ne parlaient qu’espagnol. J’avais suivi des cours du soir pour apprendre l’espagnol avant cette opportunité, et cela m’a énormément aidé une fois sur place. J’étais contraint de parler avec mes collègues dans leur langue, et finalement, j’ai réussi à maîtriser la langue de manière remarquable
Il a l’air super ce livre. Je suis d’accord avec les 20 points relevés. Ça m’a donné envie de lire ! Merci pour cette découverte.
« Fluent in 3 Months » est en effet devenu un classique de la littérature non académique sur l’apprentissage des langues. Je l’ai lu pour la première fois il y a très longtemps, mais je dois dire que dans mon expérience de l’apprentissage des langues aujourd’hui, la grande majorité de ce qu’il écrit s’est avérée correcte.
Il fut un temps où je n’aimais pas trop le style de Benny Lewis, ses sourires peu convaincants et son air trop commercial, mais j’ai changé d’avis depuis qu’il a publié une vidéo (il n’y a pas si longtemps) dans laquelle il expliquait avec une honnêteté et une résilience remarquables les difficultés qu’il avait rencontrées (dettes, divorces, dépression) et surmontées, allant même jusqu’à dire qu’il était le plus stupide (“idiot ») de ceux qui essayaient d’apprendre. Depuis lors, il a certainement gagné en estime personnelle à mes yeux.
Actuellement, j’essaie d’apprendre une nouvelle langue, le bulgare. Et même si Benny Lewis affirme qu' »il n’y a pas de langues difficiles », je dois avouer que je ne suis pas convaincu que cela va être facile non plus ????.